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Le blog du Théâtre Universitaire Royal de Liège

La Grande Région passe à table : un défi théâtral

20 Décembre 2011 , Rédigé par Asbl Théâtre Universitaire Royal de Liège Publié dans #Ca turbine au TURLg

_MG_8785-b.jpgLes photos

Par « Grande Région », entendez le Grand-Duché de Luxembourg, la Lorraine, la Région wallonne (avec les Communautés française et germanophone), la Rhénanie-Palatinat et la Sarre. Dans cette ère géographique transfrontalière (UGR), les Universités de Kaiserslautern, Liège, Luxembourg, Metz, Nancy et Trèves ont noué et poursuivent des contacts privilégiés sur le plan de la recherche et de l’administration. Récemment, un volet culturel a été ajouté à leurs préoccupations : c’est ce qui a réuni les Universités de Liège, Metz, Nancy et Saarbrücken dans un projet théâtral commun, baptisé « A table ».

Depuis l’origine, le TURLg a des visées internationales puisque, dès les années 1930, des échanges avaient lieu entre Liège et Paris (Sorbonne). Entretemps, ce sont 40 pays qui ont été visités par l’une ou l’autre de nos productions,  du Canada à la Russie, du Venezuela à la Jordanie, du Bénin au Royaume-Uni. Ce n’est pas un hasard si nos RITU (Rencontres Internationales de Théâtre Universitaire), créés en 1983 ont été, en 1994, le berceau de l’AITU (Association Internationale du Théâtre à l’Université, www.aitu-iuta.org) dont le TURLg est, dès lors, le siège social officiel. Enfin, avant le projet UGR, le TURLg avait déjà participé à des coproductions internationales : « Cymbeline », projet piloté par le Théâtre Universitaire de Franche Comté (TUFC-Besançon), réunissant 8 troupes de 6 pays (Belgique, France, Italie, Lituanie, Roumanie, Royaume-Uni), « Accross the Border », organisé par le Studio Studentina de Sofia (Bulgarie) avec Liège et Graz (Autriche) ; « Herzstück », piloté par le réseau des théâtres indépendants de l’Euregio Meuse-Rhin (Cologne, Allemagne), avec Liège et Maastricht/Sittard (Pays-Bas). Trois expériences, donc déjà, de travail collectif visant à présenter dans un spectacle commun et itinérant, des diversités culturelles – tant sur le plan du contenu que sur celui de la méthode –voire linguistiques, sans les gommer ou les fondre en un produit désormais sans relief ou saveurs. Trois expériences déjà donc, dans le transculturel transfrontalier.

Mais « l’expérience, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois », dit l’un, et l’autre de renchérir : « l’expérience, c’est un peigne pour chauve ».

Car si ces coproductions passées furent, à chaque fois, une belle mais éprouvante aventure, celle qui vient de s’achever a souvent ressemblé aux coulisses de l’exploit. D’abord et surtout par les lourdeurs bureaucratiques que nous connaissons déjà tous, mais qui ont pris ici une dimension sans précédent : c’est que les règles de l'administration , déjà contraignantes en soi pour les porteurs de projet comme pour les employés administratifs eux-mêmes, étaient différentes d’une université à l’autre. A chaque fois, il nous fallait jongler, adapter. Heureusement, sur le terrain, à partir du moment (tardif) où le projet fut mis en route, nous avons pu compter sur la collaboration rapprochée de l'ensemble des cellules UGR et de leurs chargés de projet. Qu'ils en soient ici remerciés! Par contre, nous avons fortement regretté de n’avoir jamais eu l’occasion de rencontrer véritablement les instances de décision pour leur expliquer notre projet au-delà des papiers et des formulaires et d’en faire comprendre de vive voix la philosophie : cela nous aurait permis, sans doute, de préciser nos pratiques et nos spécificités, mais aussi, finalement, d’entendre et de comprendre aussi les difficultés réglementaires, notamment celles imposées par l’Europe et Interreg IV, qui ne relèvent tout de même pas de la science infuse. Une rencontre de ce type aurait assurément permis de construire ensemble et dès le début un projet commun UGR-TUGR.

Sur le plan artistique aussi, et c’est plus évident, rien n’était joué d’avance – sans mauvais jeu de mot. Les difficultés du travail collectif au sein d’une même troupe sont déjà bien connues. Alors, quand 4 troupes de 3 pays différents sont « en jeu »… Rappelons encore qu’il a fallu 2 ans de tractations administratives pour être sûrs que le projet verrait bien le jour : comparé au temps disponible pour le travail artistique, y’a pas photo ! Quant au budget, il ne prévoyait guère de moyens pour que les troupes se rencontrent et travaillent physiquement ensemble, sinon deux week-ends : c’est un peu court, jeune homme, même si, sans eux, le résultat final n’aurait rien eu, alors rien, de commun. Car, sur le plan artistique, les partenaires eux-mêmes n’ont pu se mettre suffisamment d’accord sur la méthode, ni même sur un point de départ clair pour le travail : une réunion, vite fait, pour évoquer des consignes – trop – vagues, et donc vite oubliées, ici, changées, là, contournées, parfois, bref, bâclées un peu partout par manque de vraie consultation.

Tout cela dit, il reste que le « produit » fini (mais a-t-on jamais fini ?) méritait, finalement, le voyage. Le mot n’est pas trop fort, dès lors que, en plus, la Table a voyagé : après sa création à Liège les 8 et 9 novembre, le TUGR se produisit à Metz (29/11), Nancy (30/11) et Saarbrücken (01/12)… Ah, les joies des tournées au long cours… !

Rappelons aussi que « A table » était repris comme projet pilote avec l’objectif de construire ensemble des relations pérennes qui permettent aux théâtres universitaires de la Grande Région de se coordonner et d’intensifier leurs échanges. « A table » a assurément permis à l’ensemble des partenaires de se confronter à ce travail commun, même réduit à sa plus simple expression, et partant, à mieux se connaître et à mieux connaître les limites, les spécificités, les points de vue, les démarches, les méthodes,… de chacun. Une très bonne base pour le futur !

Alain Chevalier – Robert Germay

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